Je me permets de poursuivre ci-dessous une discussion initiée dans un autre thread. Peut-être serait-il bon de déplacer ci-dessus tous les messages en relevant ? Je le ferai si tout le monde est ok.
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| | Olivier :
la singularité de l'évolution, qui ne s'appuie pas et ne se traduit pas par des équations |
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Franz soulignait cet élément, et ce à très juste titre.
Effectivement, l'un des arguments majeurs des créationnistes et des adeptes du dessein intelligent à l'encontre de la théorie de l'évolution est la non reproductibilité de ce qu'elle défend. C'est bien le cas, puisque l'évolution dépend notamment des contingences, du temps... Un genre de
hasard (attention, abus de langage) que rejettent violemment les fondamentalistes, celui-ci s'opposant
de facto à toute intervention divine dans le phénomène. Un autre point les gêne considérablement : l'absence de
finalité dans l'évolution détrône une nouvelle fois l'espèce humaine du piédestal sur lequel elle s'est elle-même placée, nous remettant à notre place de primates et d'espèce en danger.
Deux éléments qui expliquent pour l'essentiel, à mes yeux, l'agressivité des fondamentalistes à l'égard de l'évolution.
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| | Citation :
Et quid des théories souvent fumeuses, parfois folklo, mais intellectuellement intéressantes de la création de l'humanité par une ou des intelligences extra terrestres? |
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A mon sens, elles seraient recevables à la condition que des éléments tangibles permettent de les étayer. Dans le cas contraire, elles doivent demeurer dans le registre de la science-fiction. ;-)
Le jeu intellectuel qu'elles occasionnent n'en demeure pas moins, je suis d'accord, très intéressant.
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| | Citation :
qualifier la thèse créationniste de fausse est à mon avis aussi absurde que de dire "Dieu n'existe pas" |
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Oui... et non, amha. ^^
En ce qui concerne le créationnisme proprement dit, il me semble que tout indique qu'il soit absurde.
En ce qui concerne le dessein intelligent, qui en est une émanation, non, rien n'indique de manière directe qu'il soit une erreur puisqu'il faudrait démontrer que dieu n'existe pas. Un aspect bien pratique, puisque c'est impossible ! D'un autre côté, rien ne permet de l'étayer. Qu'en conclure ?
A ce sujet, je voudrais souligner qu'il en est de la recherche comme de la justice : charge à celui qui propose une théorie d'en apporter la ou les preuve(s).
L'existence ou non de dieu(x) est aujourd'hui invérifiable. Ni par l'observation, ni par l'expérience, ni par le calcul. Aucun élément ne permet d'étayer quelque affirmation à ce sujet, que ce soit dans un sens ou dans l'autre... Sauf à philosopher (dilemme d'Epicure, etc.), mais on s'écarte dès lors de la démarche scientifique.
Il est ainsi indispensable dans tout raisonnement de considérer la seule inexistence de Dieu (rasoir d'Occam). Jusqu'à éventuelle preuve tangible du contraire et apparition de cette nouvelle variable dans l'équation.
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| | Citation :
vouloir imposer des thèse scientifiques (communément admises, certes, MAIS JAMAIS SCIENTIFIQUEMENT DEMONTREE) comme des vérités absolues |
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Là, je ne suis plus d'accord : à l'inverse du dogme créationniste, la théorie de l'évolution n'est pas figée, inscrite en l'état une bonne fois pour toutes. Darwin a émis une idée révolutionnaire à l'époque, que Lamarck avait déjà légèrement approchée quelques années auparavant avec son transformisme. Mais elle a depuis évolué et beaucoup reste à faire pour l'affiner, l'améliorer, ... D'autres théories ont été depuis émises et défendues. Je pense par exemple aux équilibres ponctués de Stephen Jay Gould. La substance de la théorie de Darwin est aujourd'hui toujours valide (il existe un large faisceau d'éléments tendant à la confirmer, et la génétique est récemment venue lui apporter un nouvel et important soutien), mais elle n'a pas non plus été élevée au rang de
Vérité : elle évolue au gré des hypothèses et des découvertes.
La démarche scientifique dans laquelle s'inscrit la réflexion sur l'évolution s'oppose à la démarche dogmatique du créationnisme et de ses versions
soft. A ce titre, il est tout à fait injustifié, à mon sens, de mettre les deux sur un même pied d'égalité...
D'un côté il s'agit de penser le monde selon des critères rationnels et logiques susceptibles d'être mis à l'épreuve de l'observation ou de l'expérimentation. De l'autre, nous avons une intervention de l'irrationnel, qui permet certes de tout expliquer très simplement, mais qu'il est impossible de mettre à l'épreuve des faits (1). Cette dernière démarche relève du spirituel et sort complètement du cadre scientifique, sinon laïc. Elle ne peut donc à mes yeux être enseignée au même titre que la théorie de l'évolution.
Pourquoi les fondamentalistes se battent-ils autant pour que ce soit le cas ? Parce qu'ils savent que cela donnerait une image de respectabilité scientifique à ce qu'ils avancent.
Si les scientifiques s'appuient sur des éléments concrets pour étayer ou remettre à plat leurs hypothèses, qu'en est-il de leurs opposants créationnistes ? Quelles recherches effectuent-ils ? Leur démarche seule consiste à faire coïncider à tout prix fossiles et faits (quand ils ne tentent pas de faire passer les premiers pour les restes d'un déluge) avec des révélations.
Spiritualité et sciences ne doivent pas s'entremêler. Chacun son domaine.
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| | Citation :
l'usage abusif des thèse darwiniennes aboutissant à des doctrines fascisantes |
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La science n'a rien à voir dans ces bêtises, même si leurs adeptes ont tenté de singer sa logique afin de se donner de la respectabilité. Comme tu le soulignes, il s'agit d'un usage abusif. Je ne vois donc aucune raison d'en porter grief à la théorie de l'évolution, et de relativiser celle-ci du simple fait d'interprétations nauséabondes.
Le problème est que, là encore, les fondamentalistes ont récupéré cette idée afin de saborder un peu plus la théorie de l'évolution. C'est astucieux : on joue sur un sentiment de rejet (tout à fait justifié !) pour décrédibiliser la science plutôt que de jouer sur le terrain de la rationalité.
(1) il serait nécessaire de démontrer l'existence de dieu(x) ou d'équivalents. Et ce n'est pas parce que certaines choses sont susceptibles de dépasser notre entendement que des intelligences supérieures existent pour autant (un tel raisonnement serait même prétentieux, je trouve).
Un exemple typique est celui la complexité de l'oeil humain. En guise de démonstration, certains avancent qu'une telle complexité est difficilement explicable sinon par l'entremise d'une intelligence supérieure. Pourquoi dès lors chercher plus loin ? Au passage, cela n'explique pas la myopie, ni les décollements de rétine...